Concept 2 : L’attention limitée

Explication de l’attention limitée

Person holding smartphone while driving

L’attention limitée fait référence au fait que nous ne pouvons prêter attention qu’à un certain nombre de choses à la fois (ideas42, n.d.). Notre attention est beaucoup plus limitée que nous ne le pensons, ce qui signifie que nous surestimons ce que nous remarquons et ce dont nous tirons des enseignements. Nous pouvons ne pas remarquer quelque chose même si cela semble très important.

Crédit photo : Roman Pohorecki/Pexel

Comment l’attention limitée influence-t-elle le comportement ?

  • Lorsque nous nous concentrons sur une chose, nous finissons par en négliger d’autres. Nous ne pouvons répondre qu’à certaines caractéristiques de notre environnement à un moment donné. Faire plusieurs choses à la fois nécessite énormément notre attention, ce qui ne nous permet pas de traiter aisément des informations que nous aurions pu traiter sans difficulté si nous étions focalisés sur une seule chose.
  • Notre attention est plus limitée que nous ne le pensons, ce qui signifie que nous sous-estimons ce qui nous échappe.
  • Nous ne remarquons pas ce à quoi nous ne nous attendons pas, même si c’est important.

L’attention limitée dans la vraie vie : Les cultivateurs d’algues en Indonésie

Une étude menée sur les cultivateurs d’algues en Indonésie montre à quel point le manque d’attention peut empêcher une personne de tirer les conséquences de ses actes. La culture des algues consiste à couper les algues brutes d’une récolte précédente en cosses et à les attacher à des lignes dans un fond marin peu profond près du rivage. Les agriculteurs s’occupent de ces cosses et récoltent les algues au bout de 30 à 45 jours.

Culture d'algues dans les fonds marins peu profonds
Crédit photo : Pham Tri/Pexel

La dimension des cosses influe sur le rendement et les agriculteurs interrogés dans le cadre de l’étude avaient connaissance de cette réalité. Mais la plupart d’entre eux ne savait pas quelle taille devaient avoir les cosses ; ils rechignaient même à y penser. 

Les chercheurs ont mené une expérience au cours de laquelle ils ont fait varier la taille des cosses (chose à laquelle les agriculteurs ne pensent pas). Cette expérience a fourni aux agriculteurs de nouvelles informations sur la taille optimale des cosses, puisque certaines tailles permettaient d’obtenir de meilleures récoltes. Cependant, les agriculteurs n’ont pas modifié leurs techniques agricoles parce qu’ils n’ont pas remarqué cette variation. Ils ont continué à mettre l’accent sur les autres éléments qui influencent le rendement et dont ils avaient déjà connaissance.

Cependant, lorsque les agriculteurs ont reçu des informations concises sur leurs rendements, ventilées par taille de cosse, ils ont changé de comportement. Ils n’ont reçu aucune nouvelle information, mais leur attention a été attirée sur des informations auxquelles ils avaient accès depuis toujours (Hanna, et al., 2012).

L’attention limitée dans le cas de la RDC

Pour revenir au cas de la RDC, on a remarqué que lorsque les jeunes enfants sont malades, leurs gardiens donnent, à juste titre, la priorité aux soins médicaux et aux médicaments. Les gardiens d’enfants reconnaissent l’importance de la nutrition, mais ils y consacrent moins d’attention et d’efforts qu’aux soins médicaux. Les consultations pour enfants malades sont l’occasion pour les prestataires de soins de prodiguer des conseils en matière d’alimentation aux gardiens d’enfants qui cherchent d’urgence des moyens d’aider leur enfant à se rétablir, et les conseils en matière d’alimentation font partie du protocole de Prise en charge intégrée des maladies de l’enfant.

Image credit: Augustin Ngandu, Breakthrough ACTION DRC

Le prestataire et la mère en consultation

Cependant, les professionnels de santé des établissements consultés omettent souvent d’aborder la question de l’alimentation au cours de ces visites. Les recherches ont montré qu’une question urgente peut occulter d’autres questions, même si elles sont importantes. Les gardiens d’enfants consacrent leurs efforts à recourir aux soins et, une fois présents dans une formation sanitaire, à recevoir des médicaments. De même, les prestataires de santé sont orientés, sur la base de leur formation, et par le biais des formulaires cliniques,  et des questions et requêtes des gardiens d’enfants, à mettre un accent particulier sur les soins médicaux (Breakthrough ACTION & USAID Advancing Nutrition, 2022).

Dans la Session 3, vous apprendrez comment les modèles de conception réorientent l’attention vers l’alimentation lors des consultations pour enfants malades.

Quand les programmes et services de nutrition sont-ils susceptibles de répondre avec adéquation à l’attention limitée ?

Les prestataires de santé effectuent-ils de nombreuses tâches pendant la consultation des enfants malades ? Pour les agents de santé, il peut s’agir de voir de nombreux clients, d’administrer des tests et des traitements et de conseiller les clients sur divers sujets.

Les gardiens d’enfants effectuent-ils plusieurs tâches comme chercher, préparer et donner de la nourriture à leurs enfants quand ils doivent réfléchir ?

Les mères doivent-elles allaiter et préparer la nourriture de leurs jeunes enfants et des autres membres de la famille en même temps ?

Si vous répondez par « oui » aux questions ci-dessus, il est possible que l’attention limitée influence la manière dont les gens prennent des décisions (et surtout des bonnes décisions ) en matière de nutrition. Les programmes et services peuvent aborder l’attention limitée de plusieurs façons. Retournez chaque carte pour découvrir les implications de l’attention limitée pour la conception.

Implications de l’attention limitée pour la conception

Attirer l’attention sur des détails qui passent facilement inaperçus

Attirer l’attention sur des détails pouvant facilement être ignorés en diffusant des messages clairs et digestes au bon moment et au bon endroit, lorsque les gens peuvent en voir l’utilité et agir en conséquence.

Alléger le fardeau des multiples tâches

Alléger le fardeau des multiples tâches souvent exécutés au même moment à la fois en scindant les informations et les tâches et en demandant aux gens de ne s’occuper que d’un seul détail à la fois.

Varier le message et la diffusion

Diffuser des messages importants par le biais de plusieurs canaux, à différents moments et de différentes manières. Ne supposez pas qu’une personne qui a été exposée à un message l’a compris.

Concept 1 : La pénurie

Explication de la pénurie

Une ressource rare, c’est tout ce qui est limité, comme le temps ou l’argent (Collins, 2014). La pénurie peut influencer le comportement de deux manières :

  • Tout d’abord, la pénurie peut rendre difficile, sur le plan pratique, la manifestation d’un comportement. Lorsque la nourriture est rare, les familles peuvent avoir du mal à bien nourrir leurs enfants. Les gardiens d’enfants qui ont de nombreuses responsabilités divergentes peuvent avoir du mal à trouver le temps de préparer plusieurs repas et goûters pour leurs enfants. Ce sont là les conséquences de la pénurie auxquelles nous pensons souvent en premier, et de nombreux programmes et services s’efforcent d’y remédier en fournissant des ressources notamment une aide alimentaire ou une assistance financière.
  • Le deuxième impact est plus subtil, mais également très important. Vivre dans une situation de pénurie chronique a des conséquences sur la manière dont les gens prennent des décisions. C’est sur ce point que nous mettrons l’accent ici.

La pénurie chronique affecte la bande passante

Câbles à fibres optiques

« Imaginez un câble à fibre optique qui relie un ordinateur à l’internet. Ce câble dispose d’une « bande passante » limitée, c’est-à-dire qu’il ne peut gérer qu’une quantité limitée d’informations et d’activités à la fois. Lorsqu’une partie importante de cette bande passante est occupée par la lecture en continu d’un film ou le téléchargement de fichiers volumineux, toutes les autres activités nécessitant une connexion internet ralentissent. Il faudra plus de temps pour réaliser d’autres activités comme ouvrir un nouveau navigateur, surfer sur le web et recevoir ou envoyer des courriels ».

Crédit photo : Brett Sayles/Shutterstock

« Le cerveau humain est un peu comme ce câble. Nous disposons nous aussi d’une bande passante limitée, encore plus limitée que beaucoup d’entre nous ne le pensent. Nous percevons, traitons et agissons seulement  sur la base d’une quantité fixe d’informations à chaque instant. Le cerveau d’une personne en situation de pénurie s’apparente à un câble à fibre optique téléchargeant quelques dizaines de fichiers à la fois. Si télécharger un fichier n’est pas une tâche colossale, le traiter au même moment a un effet néfaste. La bande passante que pourraient absorber ces deux tâches est tellement importante qu’il n’en resterait plus assez pour analyser correctement les choix et les actions de la vie. Le câble aurait de plus en plus de mal à tout gérer, même les tâches routinières qui, à première vue, semblent simples et peu exigeantes » (Daminger, et al., 2015).

Comment la pénurie affecte-t-elle le comportement ?

  • La bande passante cognitive est une ressource limitée qui nous permet de prendre des décisions et rendre des jugements difficiles, de rester concentré,  de retarder la satisfaction de nos désirs, de contrôler nos impulsions et de prendre en compte le point de vue des autres.
  • On parle de pénurie chronique lorsqu’une personne ne dispose pas régulièrement d’une ressource suffisante lui permettant de satisfaire facilement ses besoins. Elle peut ne pas avoir suffisamment d’argent pour payer à la fois les frais de scolarité et les médicaments. Cette personne peut ne pas disposer d’assez de temps pour préparer un repas nourrissant et aller chercher de l’eau potable à la pompe. Souvent, les personnes vivant dans la pauvreté sont confrontées à plusieurs formes de pénurie à la fois.
  • Vivre dans une situation de pénurie chronique implique de prendre des décisions difficiles chaque jour: choisir ce qu’il faut acheter, ce qu’il faut manger ou comment passer son temps. Ces décisions se complètent.
  • L’épuisement de la bande passante cognitive aggrave les tendances humaines existantes : nous oublions plus souvent les choses, nous nous laissons distraire plus facilement, nous nous concentrons sur le présent et nous agissons parfois de manière impulsive.
  • Il convient de souligner que cela ne signifie pas que les personnes vivant dans la pauvreté prennent de mauvaises décisions ou qu’elles sont moins capables ou moins intelligentes que les autres. Ces tendances sont communes à tous les individus et ce sont les circonstances de pénurie qui influencent le comportement.
Argent, nourritures, temps, bande passante cognitive
Crédit image : ideas42

La pénurie dans la vraie vie : les producteurs indiens de canne à sucre

Voici un exemple tiré d’une expérience de terrain réalisée avec des cultivateurs de canne à sucre en Inde. La saison de la récolte de la canne à sucre et le revenu des agriculteurs sont cycliques : juste après la récolte, les agriculteurs ont des rentrées d’argent qu’ils dépensent au cours des mois suivants, pendant que les nouveaux plants de canne à sucre croissent.

Crédit photo : Srihari Jaddu/Pexel

Cultivateur de canne à sucre indien à vélo

Juste avant la récolte, l’argent se fait rare. Pendant la période précédant la récolte marquée par la pénurie financière, les agriculteurs subissent des pressions financières : comparativement à la période suivant la récolte, ils mettent davantage d’objets en gage, sont plus susceptibles de contracter des prêts et déclarent plus souvent avoir des difficultés à payer leurs factures ordinaires. Pendant cette période de pénurie financière, les agriculteurs ont obtenu de moins bons résultats aux tests de performance cognitive par rapport à ceux obtenus après la récolte. Les conditions de pénurie pesaient lourdement sur eux et absorbaient leurs ressources mentales de sorte qu’ils n’arrivaient pas à fonctionner à plein régime (Mani, et al., 2013).

La pénurie dans le cas de la RDC

« La pauvreté et l’insécurité alimentaire limitent considérablement et régulièrement les possibilités des familles à  offrir à manger à leurs enfants en période de maladie comme en période de bonne santé. Les gardiens d’enfants ont noté que tous les membres de la famille y compris les bébés, mangent souvent de plus petites quantités de nourriture, prennent moins de repas par jour, et mangent des aliments moins nutritifs que ce que leur exige normalement leur alimentation. Ces contraintes affectent lourdement les gardiens d’enfants. Lorsqu’une ressource est rare, une grande partie de l’effort mental est absorbée par la gestion de cette ressource. De ce fait, la bande passante cognitive nécessaire à l’exécution d’autres tâches, notamment la satisfaction des besoins évolutifs de l’enfant pendant et après la maladie, se retrouve réduite. Les familles qui n’ont pas régulièrement accès à des aliments nutritifs ou qui n’ont pas les moyens de s’en procurer pour leurs enfants sont confrontées à d’énormes contraintes qui entravent leur comportement alimentaire ; ce faisant, ces contraintes peuvent également générer une charge émotionnelle et cognitive qui les empêche de reconnaître ce qu’elles peuvent faire » (Breakthrough ACTION & USAID Advancing Nutrition, 2022, p. 5).

Dans la troisième session, vous découvrirez comment la conception des solutions répond au problème de la pénurie.

Quand les programmes et services de nutrition sont-ils susceptibles de répondre avec adéquation à la pénurie ?

Les familles sont-elles constamment confrontées à une grave pénurie d’une importante  ressource comme l’argent, la nourriture ou le temps ?

Déploient-elles beaucoup d’efforts et d’attention pour répondre à cette pénurie ? Le fardeau que représente la gestion de ressources limitées les affecte-t-il émotionnellement ?

Si vous répondez par « oui » à ces deux questions, la pénurie peut influencer la façon dont les gens prennent des décisions (et leur qualité) en matière de nutrition. Les programmes et les services peuvent aborder les effets cognitifs de la pénurie de plusieurs façons. Retournez chaque carte pour découvrir les implications de la conception en matière de pénurie.


Implications de la conception en matière de pénurie

Réduire les obstacles aux points d’entrée

Faciliter autant que possible l’accès des personnes aux programmes, services et ressources sur lesquels ils peuvent s’appuyer.

Bien définir le moment des interventions

Dans la mesure du possible, demander aux gens d’agir lorsqu’ils connaissent une abondance relative.

Se concentrer sur les ressources et la capacité d’action existantes

Rediriger l’attention des gens sur les ressources et la capacité d’action existantes et éviter les rappels inutiles de ce qui échappe à leur contrôle.

Créer des « chemins plausibles »

Créer des chemins qui montrent aux gens que leurs difficultés ne sont pas insurmontables et que d’autres personnes comme eux ont réussi à relever des défis similaires.

Dans la Session 3, nous reviendrons sur les implications de la conception et verrons comment les solutions développées dans le cas de la RDC ont abordé le contexte de la pénurie.

Approfondissement

Trois concepts de la science comportementale

Lors de la Session 1, vous avez parcourus à une introduction à la science comportementale et au processus de conception comportementale. La Session 1 a surtout souligné à quel point le fait d’avoir connaissance des concepts de la science comportementale émanant de recherches antérieures nous permet d’aller plus en profondeur dans le diagnostic, en découvrant les moteurs du comportement. Elle a donné quelques indices sur la façon dont les gens peuvent réagir dans leur contexte de manière prévisible, chose que nous pouvons étudier par des entretiens et des observations.

Cette session propose un examen approfondi de trois concepts de la science comportementale qui sont révélateurs de certains comportements liés à la nutrition : la pénurie, l’attention limitée, et le biais de confirmation.

Vous apprendrez, à l’aide d’exemples concrets, ce que sont ces principes de la science comportementale, comment identifier le moment où ils sont pertinents, comment ils se sont révélés pertinents dans le cas pratique portant sur l’alimentation des enfants malades et convalescents, et comment les concevoir de manière efficace.

Mère nourrissant un enfant en bas âge
Crédit image : Pitshou Budiongo

Cette section met en lumière certains résultats relatifs au cas pratique, tirés d’une recherche qualitative effectuée au Sud-Kivu, en RDC, dans le cadre du processus de conception comportementale. Cette recherche comprenait des entretiens qualitatifs et des observations, le but étant de comprendre les perspectives, les expériences et les défis communs aux gardiens d’enfants, agents de santé et d’autres personnes au Sud-Kivu. La recherche a mis en évidence cinq barrières comportementales qui font obstacle à une alimentation complémentaire optimale pendant et après la maladie (le rapport complet de l’étude qualitative), et cette session s’articule autour de trois de ces barrières.

À la fin de la session, vous découvrirez également d’autres ressources qui vous permettront d’approfondir vos connaissances sur de nombreux autres concepts de la science comportementale.

Récapitulation et aperçu

Récapitulation et aperçu des prochaines sessions

Cette session vous a donné un aperçu de la science comportementale et du processus de conception comportementale : Définir, Diagnostiquer, Concevoir et Tester. Les des deux prochaines sessions vous permettront d’explorer plus en profondeur plusieurs concepts de la science comportementale ainsi que les principes et tactiques de conception.

Processus de conception comportementale : Définir, diagnostiquer, concevoir, tester
Crédit image : ideas42

Contrôle des connaissances

Merci d’avoir terminé la première session de Conception comportementale au service du changement social et de comportement en matière de nutrition. Vous trouverez ensuite un quiz non noté pour tester votre compréhension de la Session 1. Cliquez sur le bouton « Contrôle des connaissances » pour commencer.

Introduction

La science comportementale et à la conception comportementale

Cette session vous présentera le principe de la science comportementale. Elle donne un aperçu de la façon dont la science comportementale est utilisée pour comprendre le comportement humain et de quelle manière elles peuvent être appliquées pour soutenir le changement social et de comportement dans le domaine de la nutrition. La deuxième partie de la session décrit les approches de conception comportementale, la façon dont elles ont été appliquées dans le cas pratique de la RDC et comment elles pourraient être utiles dans d’autres contextes. Vous apprendrez comment la conception comportementale peut être utilisée pour appliquer la science comportementale à la conception de programmes et de services. Vous serez également amené à réaliser quelques activités indiquées dans vos feuilles de travail pour réfléchir à la manière dont la science comportementale pourrait vous permettre de relever les défis que vous rencontrez lorsque vous travaillez sur le CSC en matière de nutrition. Il sera également question pour vous de réfléchir à la manière d’utiliser une approche de conception comportementale pour identifier, diagnostiquer, et concevoir efficacement des solutions afin de les aborder.

Présentation du cas pratique

Tout au long de ce cours, nous nous appuierons sur un cas pratique pour illustrer le processus de conception comportementale en action : les travaux de recherche et de conception menés en République Démocratique du Congo (RDC) par Breakthrough ACTION et USAID Advancing Nutrition pour aider les familles à suivre les directives nutritionnelles concernant l’alimentation de leurs jeunes enfants pendant et après la maladie. Au fur et à mesure que vous avancerez dans le cours, vous en apprendrez beaucoup plus sur ce travail et les solutions développées par le projet. Vous aurez également l’occasion de réfléchir à la manière dont les idées générées et les solutions élaborées pendant ce processus pourraient s’appliquer à vos propres programmes, services et politiques.


Le comportement humain peut parfois sembler déconcertant

En tant que décideur ou praticien de la santé ou de la nutrition, il vous est peut-être arrivé de vous retrouver dans des situations dans lesquelles le comportement des gens vous a semblé déconcertant, voire contraire à leur santé, leur bien-être et leurs objectifs. La photo ci-dessous, par exemple, montre des personnes qui se jettent dans la circulation pour traverser une route, au lieu d’emprunter une passerelle piétonne située à proximité, qui leur permettrait de traverser en toute sécurité. Dans le cadre de la nutrition, il arrive que les gens ne profitent pas pleinement des aliments nutritifs auxquels ils ont accès, ne recourent pas aux services qui pourraient leur être utiles ou ne mettent pas en pratique les conseils d’un agent de santé. Ces actions peuvent être déroutantes pour ceux qui conçoivent les programmes et les services, car elles semblent aller à l’encontre de ce que les gens veulent pour eux-mêmes.

Personnes traversant la rue dans la circulation avec une passerelle pour piétons visible en arrière-plan.

La science comportementale est un outil qui permet de résoudre l’énigme en offrant de nouvelles perspectives sur les raisons qui poussent les gens à opérer de tels choix et à agir comme ils le font.


Qu’est-ce que la science comportementale ?

La science comportementale offre des perspectives empiriques sur la manière dont les êtres humains interagissent avec leur environnement et entre eux dans différentes conditions. Elle comprend des recherches menées dans différents domaines tels que la psychologie cognitive et sociale, le marketing, les neurosciences, l’économie comportementale et autres qui permettent de cerner la complexité du comportement humain. La session 2 vous permettra d’approfondir quelques concepts de la science comportementale et vous indiquera des ressources pour en savoir plus.

Thought graphic

L’un des principes clés de la  science comportementale est que le contexte est extrêmement important. Nous utilisons « contexte » au sens large du terme. L’environnement physique, la culture, les normes sociales, les paroles et les actions d’autres personnes, ainsi que les expériences passées font tous partie du contexte, et ce contexte façonne le comportement. Lorsque nous voulons modifier le comportement d’une personne, on peut être très tenté d’essayer de changer la personne en la convainquant de l’importance d’agir d’une certaine manière. Cette approche est parfois efficace. Mais les approches qui visent plutôt à influencer le comportement en remodelant le contexte peuvent parfois être plus efficaces. 

Plus tôt, vous avez vu une photo de personnes n’utilisant pas un dispositif de sécurité publique important : une passerelle piétonne. Quelles sont les caractéristiques du contexte qui pourraient influencer ce comportement ?

Conseils : Pensez à l’environnement physique, aux expériences passées et à ce qu’une personne essayant de traverser la rue observe chez les autres.


Qu’est-ce que la conception comportementale ?

La conception comportementale est une approche qui s’appuie sur les connaissances de la science comportementale pour développer et tester des solutions innovantes qui, au lieu d’essayer de changer les gens, s’attèlent à remodeler leur contexte afin d’influencer positivement leur comportement. 

Nous allons parcourir les quatre étapes du processus de conception comportementale :

  • Définir le problème à résoudre et le résultat escompté, en termes de comportements spécifiques
  • Diagnostiquer les moteurs des comportements
  • Concevoir des solutions pour influencer leur comportement de manière positive en modifiant le contexte pour lever les obstacles
  • Tester l’impact de la solution et procéder à des itérations pour l’améliorer
Processus de conception comportementale : Définir, diagnostiquer, concevoir, tester
Crédit image : ideas42

Pour en savoir plus

Tantia. P., Bade, J., Brest, P., & Richards, M. (2019). Changing behavior to improve people’s lives: A practical guide. ideas42. (Disponible uniquement en anglais)

Définir, diagnostiquer, concevoir, et tester

Étape 1: Définir

Définir : pourquoi définir et en quoi cela consiste-t-il ?

La première étape consiste à définir le problème que vous souhaitez résoudre en termes de comportements spécifiques. Cela permet d’établir une feuille de route pour les objectifs à atteindre par la solution éventuelle.

De nombreuses hypothèses peuvent vous venir à l’esprit quant à la cause du problème, mais il est important d’éliminer ces hypothèses de votre définition du problème et de vous dire qu’il pourrait y avoir d’autres causes, y compris celles auxquelles vous ne vous attendez pas.

Processus de conception comportementale : Définir, diagnostiquer, concevoir, tester
Crédit image : ideas42

Exemples de définitions de problèmes : Faible ou fort

Retournez chaque carte de définition de problème pour en révéler la faiblesse ou la force

Faible

Les familles n’offrent pas à leurs enfants une alimentation complémentaire adéquate.

Définition trop large du problème

Faible

Les familles ne comprennent pas quels aliments leurs jeunes enfants doivent consommer.

Définition du problème avec des hypothèses intégrées sur ce qui pourrait être à l’origine du problème

Fort

Les familles ne donnent pas quotidiennement à leurs jeunes enfants (6 à 23 mois) des aliments d’origine animale.

Définition du problème qui identifie un comportement concret et ne présume pas de ce qui motive le comportement

Pour élaborer un énoncé de problème consistant, il est important de :

Mettre l’accent sur un comportement spécifique plutôt que sur un problème général

Bien situer le niveau du problème – ni trop large, ni trop étroit

Énoncer le problème sans intégrer d’hypothèses

Pour obtenir une liste de comportements nutritionnels spécifiques, consultez l’outil Comportement pour améliorer la nutrition.

Définir : Comment établir des priorités parmi les comportements ?

En matière de programmes de nutrition, il existe de nombreux comportements susceptibles d’améliorer la santé et la nutrition des enfants. Il s’agit entre autres des pratiques agricoles, la préparation hygiénique des aliments, les pratiques d’alimentation des nourrissons et des jeunes enfants, et l’accès aux services de santé. Chacune de ces catégories englobe nombreux comportements. Bien que les programmes ciblant des comportements spécifiques soient les plus efficaces, il peut s’avérer difficile de déterminer les priorités.

Un outil développé par l’USAID Advancing Nutrition guide les programmateurs dans la sélection des comportements sur la base des considérations suivantes. Retournez chaque considération pour en savoir plus.

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Lacune dans le comportement

Relativement peu de personnes au sein de la population cible adoptent actuellement le comportement en question.

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Résultats potentiels

Combler cette lacune contribuera grandement à atteindre les résultats escomptés du programme.

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Mise en pratique potentielle

La probabilité que la population soit en mesure de mettre en pratique le comportement, compte tenu des ressources disponibles, du temps, de l’intérêt et du soutien social.


Pour en savoir plus

Le cours en ligne « Changement social et de comportement pour la nutrition », sur Global Health Learning Center, énumère de nombreux comportements à fort impact dans le domaine de la nutrition et fournit des conseils supplémentaires sur la hiérarchisation des comportements.

USAID Advancing Nutrition. (2020). Prioritizing multi-sectoral nutrition behaviors. U. S. Agency for International Development. (Disponible uniquement en anglais)


Cas pratique : Définir

Dans l’exemple de la RDC, l’équipe a identifié deux énoncés de problèmes interdépendants :

  • Les gardiens d’enfants ne continuent pas à allaiter et à nourrir leurs enfants âgés de 6 à 23 mois pendant la maladie.
  • Les gardiens d’enfants ne donnent pas d’aliment supplémentaire à leurs enfants âgés de 6 à 23 mois pendant les deux semaines qui suivent la maladie.

Dans cet exemple, nous utilisons l’exercice de hiérarchisation des comportements présenté précédemment pour filtrer plusieurs comportements nutritionnels et dresser des listes de comportements prioritaires sur lesquels le projet devrait travailler. 

Ces comportements ont été pris en compte avec cinq autres comportements d’alimentation complémentaire, en utilisant l’outil de hiérarchisation des comportements nutritionnels multisectoriels.

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Lacune dans le comportement

Un écart important entre les pratiques actuelles et les comportements optimaux en matière d’alimentation. Des recherches antérieures menées en RDC ont indiqué que la plupart des enfants reçoivent moins ou pas de nourriture pendant la maladie, que peu d’enfants sont encouragés à manger pendant la maladie et que seul un très faible nombre d’enfants reçoit plus de nourriture que d’habitude après la maladie.

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Résultats potentiels

Un potentiel énorme à influencer les résultats en matière de santé et de nutrition en améliorant le comportement, car les maladies infantiles sont très courantes.

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Mise en pratique potentielle

Capacité relativement plus élevée à les mettre en pratique par rapport aux autrescomportements alimentaires complémentaires, dans un contexte où l’accès des familles à des aliments spécifiques est régulièrement limité.

Exercice sur feuille de travail

DÉFINIR un problème comportemental dans votre travail :

C’est maintenant à vous d’identifier un ou plusieurs problèmes comportementaux nutritionnels sur lesquels vous pourriez vous concentrer dans vos propres programmes et services. Téléchargez la feuille de travail et inscrivez-y ces problèmes.

N’oubliez pas de :

  • Mettre l’accent sur des comportements spécifiques.
  • Éviter de tenir compte  des hypothèses sur ce qui pourrait être à l’origine du problème.
  • Rechercher les comportements qui présentent un écart important entre la pratique actuelle et le comportement optimal, qui ont un potentiel considérable quant à l’amélioration des résultats en matière de nutrition , et que la population cible est en mesure d’adopter, compte tenu des ressources, du temps, de l’intérêt et du soutien social dont elle dispose.

Étape 2: Diagnostiquer

Diagnostiquer : Pourquoi faire un diagnostic ?

L’étape suivante du processus de conception comportementale est le diagnostic : il s’agit d’identifier les determinants les plus pertinents du comportement visé. Comme nous l’avons vu précédemment, le contexte joue un rôle extrêmement important dans le comportement. L’objectif du diagnostic est d’identifier les caractéristiques spécifiques du contexte qui influencent le comportement et qu’une solution pourrait modifier. Le diagnostic donne des indications sur ce qu’une solution doit réaliser pour changer le comportement

Processus de conception comportementale : Définir, diagnostiquer, concevoir, tester
Crédit image : ideas42

Rappelez-vous l’exemple de la passerelle piétonne que vous avez vu plus tôt dans la session. Voici quelques raisons (parmi tant d’autres) qui pourraient expliquer pourquoi les gens n’empruntent pas la passerelle :

  • Il se pourrait que les gens traversaient la rue à cet endroit bien avant la construction de la passerelle. Il est donc possible que cette habitude leur est restée, et il ne leur est pas venu à l’esprit de traverser la route d’une autre manière.
  • L’escalier de la passerelle est sombre et les marches sont parfois glissantes. Les gens pourraient beaucoup plus penser à ces risques qu’à celui de traverser en pleine circulation.
  • Beaucoup d’autres personnes traversent la route en pleine circulation. Ainsi, l’on peut être poussé à suivre la foule.
  • La passerelle pourrait ne pas être accessible à tous. Les gens pourraient avoir des difficultés physiques à monter sur la passerelle. 

Qu’est-ce que chacun de ces éléments impliquerait en termes d’objectifs à atteindre ? Pouvez-vous identifier d’autres raisons pour lesquelles les gens n’utiliseraient pas la passerelle ?

Diagnostiquer : En quoi cela consiste-t-il ?

Le diagnostic comprend les étapes suivantes :

  1. Générer des hypothèses sur ce qui pourrait être à l’origine du problème. Les recherches antérieures en science comportementaledonnent des indications sur la manière dont les gens peuvent réagir dans leur contexte de manière prévisible. Elles nous aident à prédire, par exemple, quand et pourquoi les gens peuvent ne pas se décider sur quelque chose, ou évaluer certaines options, ou se laisser dissuader de concrétiser leurs intentions. 
  2. Étudier les hypothèses dans leur contexte. Certes, les recherches antérieures offrent des indices utiles, cependant, elles ne peuvent pas nous dire quels sont les indices les plus pertinents  dans le contexte où nous travaillons et pour les comportements spécifiques sur lesquels nous nous concentrons. Nous étudions les hypothèses en discutant avec le sujet dont le programme cherche à influencer le comportement et avec d’autres personnes susceptibles d’avoir une autre appréciation de ce comportement. Nous le faisons également en observant le cadre physique et les processus liés au comportement.
  3. Analyser les évidences, tirer des conclusions sur les hypothèses confirmées, réfutées ou modifiées, et identifier les obstacles les plus pertinents à votre problème.

Le diagnostic étant ancré dans la recherche en science comportementale, sa réalisation nécessite une connaissance de cette recherche. Au cours de la Session 2, vous découvrirez trois concepts de la science comportementale qui sont très adaptés aux nombreux défis nutritionnels : la pénurie, l’attention limitée et le biais de confirmation. Nous vous indiquerons également d’autres ressources qui vous permettront d’en apprendre davantage sur la science comportementale.


Cas pratique : Diagnostiquer

Breakthrough ACTION et USAID Advancing Nutrition ont étudié des hypothèses sur ce qui pourrait empêcher les gardiens d’enfants de continuer à nourrir les jeunes enfants pendant la maladie et de les nourrir davantage après la maladie. Pour ce faire, 58 entretiens qualitatifs ont été menés avec des gardiens d’enfants, des membres de la famille, des agents de santé et d’autres membres de la communauté. Des consultations cliniques ont de même fait l’objet d’observation. Vous trouverez ci-dessous un résumé des résultats du diagnostic et de leurs implications pour les programmes (Breakthrough ACTION & USAID Advancing Nutrition, 2022).

Perspectives comportementales et implications en termes de programmation


Retournez chaque carte de compréhension du comportement pour en révéler les implications

icône de réflexion

Pauvreté et pénurie impose des contraintes pratiques et une charge cognitive

Identifier les améliorations réalisables

Recentrer l’attention sur ce que les gardiens d’enfants sont capables de faire

icône médicale

Les besoins alimentaires des enfants ne sont pas pris en compte lors des consultations des malades en raison d’une attention divisée et des doutes

Souligner l’importance de l’alimentation

Former et motiver les prestataires de soins pour qu’ils prodiguent des conseils de manière cohérente

Renforcer la confiance des prestataires à apporter leur aide

icône qualité

L’accent mis sur la qualité plutôt que sur la quantité occulte les avantages qu’il y a à faire consommer une plus grande quantité d’aliments disponibles

Souligner l’importance de la quantité concernant un certain type d’aliments

Orienter les agents de santé et les gardiens d’enfants en les amenant à prendre en considération les options disponibles au niveau local et qui sont abordables

icône de choix

Les perceptions relatives aux bons et aux mauvais aliments limitent encore davantage les possibilités d’opérer un choix

Dissiper les idées fausses sur les aliments qui conviennent aux enfants de plus de six mois

Enseigner des recettes alimentaires pour bébés qui ne sont pas couramment utilisées

icône d'alimentation

Tolérer le manque d’appétit fait manquer des occasions d’inciter l’enfant à manger

Inspirer les gardiens d’enfants à considérer l’appétit de leur enfant comme un élément susceptible de varier

Développer les aptitudes et la confiance pour surmonter le manque d’appétit

Lors de la Session 2, nous reviendrons sur ces résultats et vous en apprendrez davantage sur certains des concepts spécifiques de la science comportementale qui les sous-tendent. Vous vous exercerez également à réfléchir à la manière dont ces concepts pourraient s’appliquer à votre contexte et à vos programmes.


Pour en savoir plus

Breakthrough ACTION, & USAID Advancing Nutrition. (2022). Barrières comportementales à l’alimentation des jeunes enfants pendant et après la maladie. U. S. Agency for International Development.

Étape 3: Concevoir

Concevoir : Pourquoi est-il utile de concevoir ?

Après avoir diagnostiqué les causes du problème comportemental, l’étape suivante consiste à concevoir des solutions qui s’addressent à ces causes. Bien que l’on puisse être parfois tenté de passer directement à cette étape, les étapes 1 et 2 du processus de conception comportementale nous permettent de nous assurer que nous identifions une solution adaptée au problème. Les conceptions réussies remodèlent le contexte de manière à influencer positivement le comportement, en surmontant les obstacles qui entravent le comportement et en exploitant les caractéristiques du contexte qui encouragent et facilitent le comportement. Il peut s’agir, par exemple, de changer quelque chose dans l’environnement physique, d’offrir à une personne une nouvelle expérience ou de s’assurer qu’elle ait une meilleure connaissance des comportements et opinions positifs d’autres personnes. Parfois, la conception peut encourager les gens à aborder différemment les choix qu’ils opèrent et à être plus attentifs à ces choix ou à prendre en compte des éléments qu’ils auraient pu négliger auparavant.  Concevoir des modèles de concert avec les utilisateurs visés vous permet d’adapter les modèles de sorte à ce qu’ils soient acceptables pour les utilisateurs et qu’ils soient reçus et compris d’une manière susceptible de modifier les comportements de manière positive.

Processus de conception comportementale : Définir, diagnostiquer, concevoir, tester
Crédit image : ideas42

Rappelez-vous une fois de plus la passerelle piétonne. Imaginez que vous ayez effectué un diagnostic comportemental et découvert que l’une des raisons pour lesquelles les gens n’empruntent pas la passerelle est qu’ils trouvent l’escalier sombre désagréable et qu’ils pensent davantage au fait qu’ils pourraient trébucher sur les marches glissantes qu’au risque (probablement plus grand) de traverser la route en pleine circulation. Pouvez-vous imaginer deux façons différentes par lesquelles un modèle de conception permettrait de résoudre ce problème ? Conseils : Envisagez de modifier l’escalier, mais réfléchissez également aux moyens d’encourager les gens à penser davantage aux risques encourus en traversant en pleine circulation.

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Concevoir : En quoi cela consiste-t-il ?

Les activités de conception consistent nécessairement à :

  • Impliquer un groupe diversifié de parties prenantes, y compris les personnes qui utiliseront ou interagiront en fin de compte avec les modèles de conception. Dans le cas de la nutrition, il peut s’agir de gardiens d’enfants, d’autres membres de la famille, d’agents de santé, de leaders  communautaires, desacteurs du ministère de la santé et d’autres personnes de votre équipe chargée des programmes. 
  • Générer de nombreuses idées différentes pour lever les obstacles identifiés lors du diagnostic afin de vous aider à aller au-delà des solutions les plus évidentes. L’utilisation de questions orientées est utile pour réfléchir à des solutions sous différents angles. Par exemple, « comment pourrions-nous amener les gens à tenir compte des conséquences à long terme de leur choix ? »  ou « comment encourager un gardien d’enfants à planifier la façon dont nourrir l’enfant ? » Combiner le brainstorming individuel à des activités de groupe et travailler avec un groupe diversifié sont autant de moyens permettant de générer de nombreuses idées différentes. 
  • Filtrer et hiérarchiser les idées en fonction des objectifs de programme.
  • Créer des prototypes, les tester auprès des utilisateurs et les affiner. Il s’agit de créer des « ébauches » de modèles de conception, de donner aux utilisateurs potentiels la possibilité d’interagir avec eux et de donner du feedback, puis d’affiner et de tester à nouveau les ébauches, souvent en plusieurs étapes.  Dans l’exemple de la passerelle piétonne, un prototype pourrait être une ébauche présentant de nouveaux panneaux susceptibles d’attirer l’attention des usagers sur la passerelle, ou un modèle d’une nouvelle conception de passerelle.
Caregivers participate in user testing solutions for sick child feeding in the DRC.
Des gardiens d’enfants participent à des tests  de solutions pour l’alimentation des enfants malades en RDC (Ngandu, 2021)

Cas pratique : Concevoir

Dans l’exemple de la RDC, le processus de conception a résulté sur un ensemble de solutions fournies par le biais de trois points focaux afin d’encourager les gardiens d’enfants à continuer à nourrir leurs jeunes enfants pendant la maladie et à les nourrir plus que d’habitude au cours des deux semaines après la maladie.

Ces comportements ont été pris en compte au même titre que cinq autres comportements d’alimentation complémentaire, en utilisant l’outil de priorisation des comportements nutritionnels multisectoriels.

Mother with baby talks to healthcare provider

Consultation des enfants malades

Une activité de Réflexion et Orientation vers des Solutions et d’orientation, une Prescription Alimentaire, un Outil de Conseil et des Autocollants de Rappel aident les prestataires de santé en établissement à conseiller de manière cohérente et efficace l’alimentation des jeunes enfants malades et en convalescence. → Les prestataires sont convaincus de l’intérêt de conseiller l’alimentation lors des visites de malades et savent comment le faire efficacement.

Peer exchange meeting

Échange de stratégies de cajolerie entre pairs

Une activité de groupe animée par un agent de santé communautaire renforce les compétences et la confiance des gardiens d’enfant pour encourager les jeunes enfants à manger lorsque leur appétit est limité.

Family speaks with healthcare provider at home

Visite à domicile

Les familles d’enfants malades apprennent ensemble à célébrer chaque bouchée et à prévoir de surmonter les difficultés liées à l’alimentation pendant la maladie et le rétablissement, notamment l’accès à des aliments nutritifs et abordables pour leurs enfants et la maîtrise de l’appétit limité.

Points clés à retenir

Grâce à des consultation des enfants malades, des échanges entre pairs et des visites à domicile :

  • Les prestataires de soins identifient les améliorations réalisables dans la limite de leurs moyens et se sentent responsabilisés en se concentrant sur ce qu’ils peuvent faire.
  • Les gardiens d’enfants malades prennent en compte toute la gamme des options disponibles localement, abordables et nutritives pour leurs jeunes enfants.
  • Les gardiens d’enfants malades reconnaissent l’intérêt d’augmenter la quantité des aliments qui leur sont proposés.
  • Les gardiens d’enfants malades ont les compétences et la confiance nécessaires pour surmonter un appétit limité.
  • Les familles établissent des objectifs simples, concrets et réalisables pour l’alimentation des enfants malades et en convalescence.
  • Les familles ont un plan pour bien nourrir leurs enfants malades et en convalescence.

Et :

  • Les enfants malades continuent de manger et d’allaiter.
  • Les enfants en convalescence mangent et allaitent davantage dans les deux semaines qui suivent la maladie.

Dans la Session 3, vous en apprendrez davantage sur ces solutions et réfléchirez à la manière dont elles pourraient s’appliquer à d’autres contextes.

Étape 4: Tester

Tester : Pourquoi tester ?

Cette étape fait référence aux « tests menés à l’échelle locale », ou à la mise en œuvre effective des conceptions ainsi qu’à l’évaluation de leurs résultats. S’il est essentiel de recueillir les commentaires des utilisateurs au cours de l’étape 3 pour concevoir des solutions solides, les tests de terrain nous permettent de comprendre l’impact de ces solutions (le cas échéant) sur le comportement que nous avons cherché à modifier. Cette étape peut nous aider à affiner davantage les modèles.

Processus de conception comportementale : Définir, diagnostiquer, concevoir, tester
Crédit image : ideas42

Tester : En quoi cela consiste-t-il ?

Un certain nombre d’approches différentes peuvent être utilisées, en fonction des objectifs et des contraintes du programme. Trois approches sont couramment utilisées :

  • Essais contrôlés randomisés (ECR). Ils sont considérés comme « la norme par excellence» pour une évaluation qui se veut rigoureuse. Ceux-ci nous permettent en outre de déterminer avec certitude si une solution a produit les résultats escomptés. Il s’agit entre autres d’appliquer de façon aléatoire la solution à certains individus (ou groupes) et à ne pas l’appliquer à d’autres puis de comparer les résultats entre les deux groupes.
  • Pré/Post-évaluation. Il s’agit de mesurer les changements survenus après la mise en œuvre de la solution. La pré/post-évaluation peut faire ressortir des informations utiles, mais il est très important de rester attentif à tous les autres changements qui ont pu se produire parallèlement à la mise en œuvre des solutions et qui pourraient également avoir influencé les résultats.
  • Utiliser des données de suivi. Cela permet de cerner les tendances  liées aux informations portant sur le mode d’exécution des solutions et (parfois) les comportements. Ces données peuvent fournir des informations utiles sur les solutions et les expériences des personnes qui les utilisent, ce qui peut éclairer les décisions et les ajustements en cours. Cependant, elles ne fournissent généralement pas d’informations concluantes sur l’impact d’une solution sur le comportement.

Pour en savoir plus

Gertler, P. J., Martinez, S., Premand, P., Rawlings, L. B., & Vermeersch, C. M. J. (2016). Impact evaluation in practice (2nd ed.). Inter-American Development Bank, The World Bank. (Disponible uniquement en anglais)

Final Assessment: Behavioral Design to Inform SBC for Nutrition

Thank you for completing the course Behavioral Design to Inform Social and Behavior Change for Nutrition. Below you will find the final assessment. Click the final assessment link to get started.

Commentaires sur le cours

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Course Recap and References

Recap and Reflect

At this point, you have learned the definition and application of some behavioral science concepts relevant to nutrition, including scarcity, limited attention and confirmation bias. You have learned how you can use the behavioral design process in developing innovative solutions to achieve better nutrition results for your programs, services and policies. You have walked through the solution sets developed in the DRC that addressed nutrition-related behavioral challenges.

Worksheet Practice

Behavioral science is one tool in the SBC toolkit. Now that you have come to the end of the course, refer to the Worksheet and answer the following questions:

  • What do you think behavioral science and the behavioral design approach can bring to your SBC work?
  • How might they strengthen programs and services?
  • Do you see any upcoming opportunities to employ behavioral design?

References

Aakesson, A., & Cunningham, A. (2018). Social and behavior change for nutrition [Course]. Global Healthy Learning Center.

Breakthrough ACTION, & ideas42. (2020). When knowing the protocol is not enough behavioral design for provider behavior change in malaria diagnosis and treatment in Nigeria. USAID.

Breakthrough ACTION, & USAID Advancing Nutrition. (2022). Behavioral barriers to feeding young children during and after illness. USAID.

Burns, J., Emerson, J. A., Amundson, K., Doocy, S., Caulfield, L. E., & Klemm, R. D. W. (2016). A qualitative analysis of barriers and facilitators to optimal breastfeeding and complementary feeding practices in South Kivu, Democratic Republic of CongoFood and Nutrition Bulletin, 37(2), 119-131. https://doi.org/10.1177/0379572116637947

Casad, B. J., & Luebering, J. E. (2023). Confirmation bias. Britannica.

Collins, J. (2014, September 18). Scarcity of time, money, friends and bandwidth. Jason Colins blog.

Daminger, A., Hayes, J., Barrows, A., & Wright, J. (2015). Poverty interrupted: Applying behavioral science to the context of chronic scarcity. Ideas42.

Gertler, P. J., Martinez, S., Premand, P., Rawlings, L. B., & Vermeersch, C. M. J. (2016). Impact evaluation in practice (2nd ed.). Inter-American Development Bank, The World Bank.

Hanna, R., Mullainathan, S., & Schwartzstein, J. (2012). Learning through noticing: Theory and experimental evidence in farming [Working paper]. National Bureau of Economic Research.

ideas42. (n.d.). Limited attention. ideas42.

Luc, G. (2014). Analyse des causes de la sous-nutrition (Link NCA) dans la Zone de Santé de Kalomba, Province du Kasaï Occidental, République Démocratique du Congo. Action Contre la Faim France, Swedish International Development Cooperation Agency.

National Institute of Statistics. Multiple indicator cluster survey, 2017–2018, Democratic Republic of the Congo. UNICEF.

Mani, A., Mullainathan, S., Shafir, E., & Zhao, J. (2013). Poverty impedes cognitive functionScience, 341(6149), 976-980. https://doi.org/10.1126/science.1238041

Simons, D. (2010). The monkey business illusion [Video]. YouTube.

Tantia. P., Bade, J., Brest, P., & Richards, M. (2019). Changing behavior to improve people’s lives: A practical guide. ideas42.

USAID Advancing Nutrition. (2020). Prioritizing multi-sectoral nutrition behaviors. U. S. Agency for International Development.

Final Assessment and Course Feedback

Thank you for completing the third and final session of Behavioral Design to Inform Social and Behavior Change for Nutrition. At this point, you should also have completed the reflection on your worksheet and be ready to complete the final assessment to get your certificate. Click the “Mark Complete” button to continue.

Home Visit

Solution Set- Home Visit

Tailor Activities to Family Concerns

Family speaks with healthcare provider at home

Through home visit activities, families participate in tailored activities to respond to families’ most pressing concerns related to child feedback and overcoming child appetite and help the family to see how those challenges can be overcome.

Relevant Design Objectives

  • Identify achievable improvements
  • Build skills and confidence to overcome limited appetite 
  • Counter misconceptions about which foods are good for children over six months
  • Show baby-friendly preparations of foods that are not commonly considered
  • Inspire caregivers to view their child’s appetite as moveable

How does it work?

Behavioral Challenges

While families know that feeding a child well is important for recovery, they do not always know what that means or how to achieve it. When a child has limited appetite and caregivers have limited access to affordable, nutritious foods, these conditions impose constraints. It leaves some families feeling that they do not have the resources to feed their sick and recovering child well. Families often think that certain foods – often inaccessible and expensive – are necessary for recovery. Caregivers also often feel that the child’s poor appetite limits feeding during illness.

Solutions

Through a home visit from a community health worker or nutrition agent, families of sick or recovering children learn about feeding during illness and recovery. They hear the empowering message that “every bite counts” during these critical times. They learn to celebrate each bite taken by the sick child as a small victory. Caregivers exchange obstacles they face feeding the child more at these times. In response to the identified challenges, the family completes one or two activities. If families have identified food affordability as a challenge; the Foods Activity is introduced, which helps them identify affordable options that do, in fact, exist even if they do not quickly come to mind, and to revisit available foods that they might not consider for their young children. If limited appetite is raised, the family completes the Coaxing Activity, which teaches new techniques to overcome limited appetite by encouraging the child to eat more. The family ends the visit by making a plan to implement a feeding strategy. This plan includes a clear commitment to follow through. This activity reinforces simple, achievable messages about feeding during and after illness, supports families to overcome challenges to feeding children well during this time, and encourages them to celebrate each bite (Breakthrough ACTION & USAID Advancing Nutrition, 2022).

Share key messages, Celebrate every bite, Identify challenges, Food activity and/or Encouragement activity, Make a plan

In Practice

In practice, the facilitator invites all family members to participate and shares simple key messages about how sick and recovering children should be fed. The family chooses a celebration word to mark every bite the child eats during illness and recovery. The facilitator asks the family to identify challenges they may face in feeding the child during their illness and recovery and completes the Foods Activity and/or the Coaxing Activity in response. If the family identifies food availability or accessibility as a challenge, they complete a card-based Foods Activity through which they identify local foods they can access. If the family identifies the limited appetite as a challenge, they complete a Coaxing Activity to learn new tactics for encouraging the child to eat, using the same illustrated cards from the peer exchange of coaxing strategies. The facilitator guides the family to make a plan for how they will continue to feed as much as possible during illness and feed more after illness. The plan includes a reminder of the celebration word they chose to mark their progress.

Community health worker teaches breast feeding tips during home visit
Image credit: Jonathan Torgovnik/Getty Images/Images of Empowerment

Component 1: Celebrate Every Bite

How does it work?

  • Reassure the family that every bite the baby eats while sick or recovering is a reason to celebrate.
  • Ask the family to pick a celebration word to say every time the baby eats during this time.
  • Invite the family members to imagine they see the baby eating well, and take turns saying the celebration word. 

Reframe & Empower

This is an example of a solution to overcome scarcity by reframing and empowering caregivers to do small actions and take rewards for them. Go back to Session 2 on scarcity, under the design implication section to discover other tactics.

Component 2: Food Activity During Home Visits

If families identified lack of food as a barrier, they complete the Food Activity.

How does it work?

  • Use cards to review all the foods that the family can access, and emphasize that all are worthwhile during the urgent time of illness. by sort into two categories:
    • Foods you can eat most days of the week, depending on the season and your means
    • Foods you can rarely or never eat
  • Look at the available foods and identify which ones they can give their baby. For any foods they think they can’t offer the baby, ask why they cannot. Read the tips on the back of the card.
  • Reinforce the message of “during the time of illness and recuperation, every bite counts”, and congratulate families for the effort that they are making in feeding their child.

Reframe & Empower

This is an example of a solution to overcome confirmation bias by addressing misconception about “bad” foods directly and encouraging families to reconsider each available food. Go back to Session 2 on confirmation bias, under the design implication section to discover other tactics.

Component 3: Coaxing Activity During Home Visits

If the family identifies limited appetite as a challenge, they complete a Coaxing Activity to learn new tactics for encouraging the child to eat, using the same illustrated cards from the peer exchange of coaxing strategies. Refer to the description of the peer exchange of coaxing strategies for more details.

How does it work?

  • Reassure family members that it is normal for a baby to refuse food sometimes, especially when they are sick.
  • Identify past experiences of encouraging the baby to eat.
  • With the use of new cards, families get exposed to new coaxing strategies that they can use with the baby and choose at least one coaxing strategy that they will use.
  • Reinforce the message of not forcing the baby to eat and the key message of feeding during and after illness.

When is the home visit solution a good fit?

Follow along on your Worksheet as you consider these questions.

Do families face challenges putting advice about feeding sick and recovering children into practice?

Could families of sick and/or recovering children be reached by a home visitation activity?

Do families identify not being able to access quality foods and/or the child’s limited appetite as barriers to feeding their sick or recovering child?

If the answer to any of these questions is “yes,” the home visit solution might be a good fit for your context. The solution materials are available in the: